jueves, 12 de septiembre de 2013

Odile Massé - Trampas - prosa poética

Foto: Hiroshi Nonami

Trampas

-1-

Asomé la cabeza por el agujero.
El polvo lo había cubierto todo, el polvo de la arena, y la ligera humedad de la noche caían fuerte sobre la plaza, debilitando el resplandor de los reverberos, el ruido de los pasos, de los picos y las palas abandonadas después del trabajo, inmovilizando finalmente a los hombres que yo veía a lo lejos, al otro lado, fijos en ese polvo que cae de los árboles sacudidos por el viento.
Aunque no había ningún peligro: Aventuré una primera pata en el suelo.
Encima de mí, los diarios en los estantes del kiosco temblaban lentamente, hoja tras hoja, llenas aún del calor del día, abanicando a su vez los estantes mientras que subían de la tierra, como asordinados por la distancia, olores de fuegos lejanos, de mejorana, de jazmín, mezclados con fritanga y café.
Entré en los olores. Y a través de ellos me hice un camino, cavando mi huella paso a paso, rozando los muros, rasando el suelo, la nariz estremecida, entré en los olores y, olvidando toda prudencia, me revolqué en el polvo. Respiraba el polvo y la ceniza, de ellos llené mis pulmones, mis orificios y los vellos de mi piel, daba vueltas en todos los sentidos, pegado al suelo y rascaba con mis uñas más profundamente, buscaba el fondo de la arena, la frescura de la tierra y la savia de los plátanos cuando de repente caí en el hoyo, en una trampa que me tenían cavada en medio de la plaza, cubierta con aserrín, en el fondo donde ahora oigo cómo golpean ellos con sus palas, y percuten la tierra, la lanzan y la amontonan, juran, gritan, ruedan sus carretas, borran mis huellas y pisotean el suelo danzando sobre mi cabeza.

-2-

De pronto grité: el cielo había desaparecido
encima de mí sólo quedaba una capa sombría que amenazaba aplastarme, asfixiarme, encerrarme entre ella y la tierra en la que yo sentía que al dar un paso me hundía de nuevo, sumergiendo mis piernas en el musgo húmedo, chocándome contra los árboles y rozando los líquenes olorosos, avanzando, dando vueltas sin jamás pasar más allá de mí misma, enloqueciéndome con los ruidos lejanos del silencio que me rodeaban por todos los lados mientras buscaba un claro, las manos extendidas, tropezando a cada paso en la oscuridad, y buscaba una hierba seca para extenderme, husmeaba el suelo, quería detener el estrépito de la sangre en mis orejas, no temblar más, tranquilizarme, sentir bajo mis pies la tierra dura y no esta materia blanda donde sabía que estaban los otros al acecho, al fin me metí en las zarzas; y avanzaba, la nariz contra la tierra, arrastrándome en los arañazos y el calor de la sangre, en el olor húmedo de mi miedo, reptando entre las ramas hacia el fondo del túnel, profundamente, abriéndome paso hacia el alba, lejos, que me esperaba a la salida de la maleza donde me había sentado, cerca de los grandes árboles para lamer mis heridas.
No vi la red abatirse sobre mí. Se me levantó, la cabeza abajo, colgada de una pata, y allí mismo me pusieron a secar.

-3-

Ese día me agarraron y me maltrataron, me clavaron contra la puerta, me clavaron de la falda y del vientre y de la blusa, hincándome a martillazos las puntas en mi cuerpo, en mis brazos, en mis piernas, en el olor de mi sangre y los clamores que ardientemente ellos lanzaban, golpeando aún, a pesar de mis protestas, aún hasta la noche, contra la puerta en la que yací para alejar las bestias del bosque.

-4-

De este modo corría, galopaba y otra vez corría, la falda volando alrededor de las piernas, enloquecida bajo los reverberos, acosada por las miradas, bocas duras y dedos acusadores, tomada aún en el mismo lugar adonde yo quería huir, y corría de sombra en sombra, de árbol en árbol, sin cesar, tratando de respirar por encima de las cabezas, entre los altos hombros que se levantaban delante de mí, siempre más lejos, huyendo hacia la encrucijada, hacia el parachoques que por fin me hizo saltar de repente en el aire, contra el muro cubierto de mi sangre, negra sobre mi falda roja, petrificada en el suelo sobre el cual ellos caminan, ruedan, hablan sin detenerse jamás.

-5-

Y ahora olvido cómo corrí a través de las colinas, cavé la tierra seca y la arena, dormí en el fondo de los barrancos, babeando, las pistas revueltas, amontonadas las ramas, corrí de nuevo husmeando el olor fuerte de ellos, cuando se aproximaban, cuando gritaban y respiraban, olvido las piedras, la jaula y mi miedo, sus dedos levantados cuando me tomaron, atada, expuesta en la plaza y ahora me miran relamiéndose de gusto mientras que muy cerca de los otros preparan un gran fuego.

Odile Massé 
Versión: Pablo Montoya.


Pièges

-1-

J'ai passé la tête hors du trou.
La poussière avait tout recouvert, la poussière de sable, et la moiteur grise du soir pesait sur la place de toute sa force, affaiblissant la lueur des réverbères, le bruit des pas, des pioches et des pelles qu'on abandonne après le travail, immobilisant enfin les hommes que j'apercevais au loin, de l'autre côté, figés dans la poudre qui tombe des arbres après le vent.
A bien y regarder, il n'y avait aucun danger: j'aventurai une première patte sur le sol. Au-dessus de moi, les journaux à l'étalage du kiosque frissonnaient lentement, feuille après feuille, encore pleins de la chaleur du jour, éventant la devanture tandis que montaient de la terre, comme assourdies par la distance, des odeurs de feux lointains, de marjolaine, de jasmin, mêlées de friture et de petits cafés.
J'entrais dans les odeurs. Je m'y fis un chemin, creusant ma trace pas après pas, frôlant les murs et rasant le sol, narines frémissantes, j'entrai dans les odeurs et, oubliant toute prudence, je me roulai dans la poussière. Je respirais la poudre et la cendre, en emplissais mes poumons, mes orifices et les poils de ma peau, je tournais en tous sens contre le sol et grattais avec mes ongles plus profondément encore, je cherchais le fond du sable, la fraîcheur de la terre et de la sève des platannes quand tout à coup
je tombai dans le trou, dans un piège qu'ils avaient pour moi creusé au milieu de la place et recouvert de sciure, tout au fond où j'entends maintenant comme ils cognent avec leurs pelles, heurtent la terre, la jettent et l'entassent, jurent, crient, roulent avec leurs chariots, effacent mes traces et piétinent le sol en dansant sur ma tête.

- 2 -

Soudain je poussai un cri: le ciel avait disparu
ne restait plus au-dessus de moi qu'une chape sombre qui menaçait de m'écraser, de m'étouffer, de m'enfermer entre elle et la terre dans laquelle je sentais bien qu'à chaque pas je m'enfonçais encore, plongeant mes jambes dans la mousse humide, me heurtant au pied des arbres et frôlant les lichens odorants, avançant, retournant sur moi-même sans jamais passer au-delà, m'affolant aux bruits lointains du silence qui me cernait de tous côtés tandis que je cherchais une clairière, mains tendues, trébuchant à chaque pas dans l'obscurité, et je cherchais une herbe sèche pour m'y étendre, je flairais le sol, voulais arrêter le vacarme du sang dans mes oreilles, ne plus trembler, me rassurer, sentir sous mes pieds la terre dure et non cette matière molle sous laquelle je savais les autres à l'affût - enfin, je plongeai dans les ronces; et le nez contre la terre j'avançais en rampant dans les griffures et la chaleur du sang, dans l'odeur moite de ma peur, rampant entre les branches vers le fond du tunnel, profondément, m'y frayant un passage vers l'aube, loin, qui m'attendait au sortir des fourrés où je me suis assise près des grands arbres pour lécher mes blessures.
Je ne vis pas le filet s'abattre sur moi. Je fus enlevée tête en bas, pendue par une patte et mise à sécher sur place.

-3 -

Il y a eu ce jour où ils m'ont prise et malmenée, et clouée contre la porte, clouée par la jupe et le ventre et le corsage, plantant à grands coups de marteau les pointes dans mon corps, dans mes bras, dans mes jambes, dans l'odeur de mon sang et les clameurs qu'ardemment ils poussaient en cognant encore, malgré mes protestations, encore jusqu'à la nuit, contre la porte où je gis pour éloigner les bêtes de la forêt.

- 4 -

Ainsi je courais, galopais et courais encore, jupe volant autour des jambes, affolée sous les réverbères où l'on me traquait du regard, bouches dures et doigts pointés, encore prise à la même place d'où je voulais m'enfuir, et j'allais en courant d'ombre en ombre, d'arbre en arbre, sans cesse et cherchant à respirer au-dessus des têtes, entre les épaules haut levées devant moi, toujours plus loin, en fuite vers le carrefour, vers le pare-chocs enfin qui soudain me fit sauter en l'air, contre le mur couvert de mon sang, noir sur ma jupe rouge, figée au sol sur lequel ils marchent, roulent et parlent sans jamais s'arrêter.

- 5 -

Et maintenant j'oublie comme j'ai couru à travers les collines, creusé la terre sèche et le sable, gîté dans le fond des ravins, écumé, brouillé les pistes, amassé des branchages, couru encore en reniflant leur odeur forte comme ils s'approchaient, comme ils criaient et respiraient, j'oublie les pierres, la cage et ma peur, leurs doigts levés comme ils m'ont prise, ligotée, attachée, exposée sur la place et maintenant me regardent en se léchant les babines tandis que tout près d'autres préparent un grand feu.

Odile Massé

Biografía
Odile Massé, nació en Marsella, en 1950. Actriz, dramaturga, poeta y escritora. Estudió filosofía y luego se hizo actriz. Forma parte de la compañía de teatro “4 Litres 12”, dirigida por Michel Massé.
Odile Massé inició su carrera literaria en 1980 y en 1998 obtuvo el Premio de Humor Negro, por su obra: Tribu, publicado por el Mercure de France.
Ha publicado entre otros:
Alma Mater (AEncrages & Co, 1986) ; Vingt et un cannibales (AEncrages & Co, 1991) ; La Femme poussière (Manya, 1992) ; L'Homme qui dort (illustrations de Baltazar, AEncrages & Co, 1993); Tribu (Mercure de France, 1997); La vie des ogres (Mercure de France, 2010).

Fuente: Festival de Poesía de Medellín

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